Alternative Libérale Etudiants Lorraine

Voici quelques réflexions des adhérants d'ALE à Nancy. Vous y trouverez aussi notre agenda pour nos cafés et diverses réunions publiques. L'intégralité des propos tenus sur ce blog engage uniquement leurs auteurs et en aucun cas Alternative Libérale : c'est la liberté d'expression que nous prônons.

14 déc. 2006

Tocqueville, reviens ! Ils sont devenus fous !

Novembre 2006, Jacques Chirac annonce une nouvelle loi portant sur la parité obligatoire. Elle s’appliquerait dans les communes et les régions. Ce projet fait suite aux lois de 2000 et 2003 à ce sujet. La continuité de la politique de parité est totale, malgré le changement de législature. « [Ce projet] va faire progresser notre démocratie, ainsi que les droits des femmes », s'est réjoui Jacques Chirac le 28 novembre de cette année.
Depuis quelques temps, on constate une vague de féminisme sur le monde occidental. En Allemagne, la Kanzlerin est arrivée au pouvoir pour former une coalition « noir-rouge ». Aux Etats-Unis, Hillary Clinton_ femme de l’ancien président démocrate_ fait des émules. En France, c’est Ségolène Royal qui séduit hommes et femmes du pays (d’après Ipsos, 37% des Français lui sont favorables… « parce que c’est une femme »). Cette loi arrive ici à point nommé dans le « sens de l’histoire ». Hier, au journal de 20 heures sur une télévision d’Etat (France 2), on a salué la mesure avec enthousiasme dans les mairies de France. Nous serions en effet le plus « mauvais élève » en terme de parité au sein de l’UE. Comble de masochisme, un conseiller municipal communiste se satisfait de « l’obligation » qui est imposée dans les mairies.

Revenons un an en arrière. Suite aux émeutes en banlieues, Jacques Chirac avait refusé catégoriquement toute forme de « discrimination positive » , système proposé par M. Sarkozy. Il s’agirait de reconnaître les minorités pour « corriger » certaines discriminations. On impose des quotas dans les entreprises, dans l’administration, etc. pour être dans la « norme ethnique » du pays.

Les hommes politiques, le chef de l’UMP en tête, souhaitent que les « minorités visibles » soient proportionnellement représentées partout (médias, institutions). On se souvient de la dernière envolée médiatique de George Frêche. La phrase de cet éléphant du Roussillon a choqué. Pourquoi ? parce que c’est purement et simplement comparable à de la discrimination positive. « La normalité », dit-il, serait qu’il y ait trois noirs en équipe de France…

On se rappelle les débats sur l’attribution du JT de TF1 à Harry Roselmack, brillant journaliste. On a vu les médias se réjouir, Jacques Chirac applaudir. Chacun s’est plu à se le redire, et chacun s’est félicité de sa propre joie. L’hypocrisie qui se cache derrière ces applaudissements est malheureusement bien réelle : on n’aurait même dû pas le remarquer ! TF1 manquait de journalistes compétents… elle a fait « d’une pierre deux coups » en embauchant un black. Le marché de la tolérance marche à plein. Le pire c’est que beaucoup de personnes parviennent à y croire. C’est politiquement correct, puisque le président a lui-même réclamé que l’on représente les minorités « visibles » dans les médias. C’est bien, et cela passe pour être moral.

La Marianne (en robe rouge) est gentille, elle a de bonnes intentions ; de ces bonnes volontés qui pavent le sol de l’enfer. Elle était morale quand elle est partie au-delà des océans, pour élever les enfants « des races inférieures ». Elle était morale quand elle a appliqué de manière intransigeante une politique anticléricale, stigmatisant les hommes de foi, « ministres qui veulent faire [de la religion] un instrument de domination » (Emile Combes). Les curés d’hier sont les patrons d’aujourd’hui, suceurs de sang, qui veulent dominer la République, figure femelle de la princesse en détresse. Pour cela, on cherche à faire du « patriotisme économique », on prend Bolkestein pour le monstre, et l’Europe libérale pour l’ogre. Elle est encore morale, quand elle autorise tacitement _ par la voix d’un ministre _ les violences physiques sur un professeur de philosophie qui engage un débat verbal violent sur l’islam, sous prétexte de tolérance ! Et elle est enfin morale, quand elle prétend imposer à la démocratie ses propres « logiques » bienveillantes, quand elle prétend esquiver ses échecs en imposant un nouveau « machin » sur la parité.

Il existe certes des disparités entre hommes et femmes. Les symptômes sont là : 10% seulement des maires sont des femmes. Qui doit-on accuser ? Un droit inégal, défavorable aux femmes ? Des maires machistes, des communes incorrectes ou des conseillers municipaux corrompus ? C’est ce qui transparaît dans le projet, qui impose des sanctions aux communes « mauvaises élèves ». Qu’on s’attaque aux causes de la non-parité de fait, mais qu’on ne change pas le droit en non-droit ! La loi n’est pas à l’origine du « mal ». Il trouvera plus ses prétextes dans les mœurs que dans la loi.

La parité est peut-être égalitaire. Mais comme nombre de mesures égalitaires, elle est une décision injuste et antidémocratique. Combien d’hommes pourraient être écartés des décisions, parce qu’ils sont hommes et que le quota de femmes n’est pas atteint ? Combien de femmes pourraient être incitées à entrer dans la vie politique sans être « engagées » véritablement? Le contraire est possible également, on pourrait refuser des femmes… car le quota d’hommes n’est pas atteint ! Et oh ! On se croirait dans une ferme, avec des poules et des coqs ! A l’heure où l’on a besoin d’engagement politique, que voient les jeunes de la démocratie ? Des quotas, des chiffres, des statistiques, des courbes et des communautés visibles ! Mais, où sont les hommes ? Où sont les citoyens, égaux entre eux ? Où est donc passé l’Etat de droit ?

L’ennemi de la République, ce ne sont ni les curés, ni les patrons, ni Bruxelles, ni les étrangers, ni l’islam en soi. Le vrai danger, c’est l’oubli de la démocratie. La vraie menace, c’est l’oubli de la liberté. Les vrais ennemis, ce sont les monstres qui se déguisent en républicains. Ils en ont les formes, une fleur à la main. Mais parfois, la voix sonne creux, l’espoir sonne faux, la loi fait « pschitt ». La bonne volonté suffit. Alors, le débat est clos.

2 Comments:

  • At 19:20, Blogger cyclod'abord said…

    Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

     
  • At 20:47, Blogger Geo said…

    J'ai supprimé le précédent commentaire car c'était uniquement de la pub pour un autre parti (qui n'avait pas grand chose à voire avec l'article), et pas un commentaire de quelqu'un venant débattre / commenter l'article.

     

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