Alternative Libérale Etudiants Lorraine

Voici quelques réflexions des adhérants d'ALE à Nancy. Vous y trouverez aussi notre agenda pour nos cafés et diverses réunions publiques. L'intégralité des propos tenus sur ce blog engage uniquement leurs auteurs et en aucun cas Alternative Libérale : c'est la liberté d'expression que nous prônons.

13 déc. 2006

Liberté d'expression

La liberté d'expression pâtit aujourd'hui des élans pseudo-humanistes de nos dirigeants : elle s'efface lorsque s'affirme une volonté de "protéger" la sensibilités de certains groupes.

On l'a vu récemment avec la pénalisation de la négation du génocide arménien qui, si elle part d'une intention hypothétiquement louable, permet une nouvelle fois de laisser le Parlement écrire l'Histoire.

L'Etat se mêlerait-il désormais de la science ? Voilà qui m'inquiète ! Existe-t-il une loi qui protège la théorie de Darwin ou la relativité d'Einstein ? Bien sûr que non ! La science est mouvante, et elle ne saurait être entravée par l'action étatique, et ce pour deux raisons.

La liberté d'expression est tout d'abord - paradoxalement ? - un moyen efficace de lutter contre des opinions dangereuses. En effet, nous considérons que si toutes les idées pouvaient s'exprimer librement, elles en seraient d'autant mieux jugées. Connaissez-vous la théorie du complot ? Elle affirme que tant qu'une opinion existera, son contre-penchant aussi, et que si le pouvoir souverain décidait de corroborer l'une des deux, il serait aussitôt soupçonné de complot et, dès lors, l'opinion dissidente ne cesserait de croître ; d'autant plus que, si l'Etat se porte garant d'une vérité, qui se fatiguerait à la démontrer ? Il faut cesser de croire que personne ne peut lutter contre les idées mauvaises et qu'elles empoisonnent le "citoyen non informé". C'est un manque de confiance en l'homme que nous rejetons en bloc : le citoyen non informé le devient en confrontant les idées présentes sur la place publique et non en écoutant celles d'un pouvoir omniprésent. De même, il faut comprendre que dès qu'une idée se présente, le mécanisme de la liberté individuelle permet aux auteur de prendre le parti adverse.

Ensuite, parce que la liberté d'expression doit aussi être considérée comme une fin en soi. "Je déteste vos idées mais je suis prêt à mourir pour les défendre", disait Voltaire : il est du droit irréfragable de chaque individu de pouvoir s'exprimer librement. L'on me rétorque que seuls ceux qui détiennent une vérité objective devraient pouvoir s'exprimer. Que faites-vous donc de la recherche ? Et surtout, où fixer la limite dans l'intervention du pouvoir ? Par l'éclairement du peuple souverain ? Allons, l'opinion évolue, et aujourd'hui, elle se retourne contre Robert Redeker, qui, s'il propose une théorie à laquelle je n'adhère pas, aurait été défendu, pour le principe, par nombre de politiques un demi-siècle plus tôt.

Plus grave encore, lorsque l'on voit, comme avec les caricatures de Mahomet, que la liberté d'expression est parfois réprimée en raison d'une certaine "psychose collective" concernant certains groupes sociaux (ici, les islamistes ou les musulmans, je ne sais pas à quelle catégorie les caricatures s'adressaient). Le fait est que d'autres religions en prennent aussi plein la gueule tous les jours. Faut-il interdire tout ce qui se moque d'eux ? Faut-il interdire Marx, qui prétend que la religion est l'opium du peuple ? En clair, reconnaître à des catégories sociales des droits à être préservées d'une liberté d'expression qui n'irait pas dans leur sens ?

La réponse est évidemment négative. Le rôle de l'Etat est de respecter la liberté de chacun dans la limite des libertés d'autrui. L'atteinte aux libertés d'autrui, dans le droit d'expression, c'est la provocation au meurtre, et celle-ci est punie par le Code pénal. Cela suffit amplement.

Il faut mettre un terme à cette gouvernance qui veut se faire bien voir en disant que "les thèses négationnistes, c'est pas bien !" Eh ! On le sait déjà ! Mais c'est pas à toi de le dire...

Ecoutez aussi l'excellente chanson de Didier Bourdon - on ne peut plus rien dire

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