Alternative Libérale Etudiants Lorraine

Voici quelques réflexions des adhérants d'ALE à Nancy. Vous y trouverez aussi notre agenda pour nos cafés et diverses réunions publiques. L'intégralité des propos tenus sur ce blog engage uniquement leurs auteurs et en aucun cas Alternative Libérale : c'est la liberté d'expression que nous prônons.

22 févr. 2007

France: l'hypocrisie congénitale

Les gens sont ici convaincus que leur salut viendra de leurs élus.

Les gens sont persuadés que les pauvres seront éradiqués par la force de l'Etat. Sans l'Etat, les Français les plus démunis mourraient.

Pourtant, quelle personne - même de condition moyenne - n'a jamais donné à d'autres de quoi vivre, à des associations de quoi aider, à des organisations de quoi soutenir les plus démunis ? Qui n'a jamais ouvert son portefeuille avant de recevoir la feuille de paie même maigre, et donné à un pauvre qu'il voyait dans la rue, de manière discrète et jamais ostentatoire ? N'aimerait-on pas inviter un inconnu, retrouvé au milieu des poubelles, à venir boire un café ou une bière, sur la terrasse d'un bar, l'écouter nous raconter sa vie, soulager ses souffrances par une présence bienveillante et amicale ? La charité a cela de magnifique qu'elle est le fruit d'une décision individuelle libre.

Ici, en France, les gens sont trop hypocrites pour dire qu'ils sont incapables de supporter la misère sans se sentir l'obligation de donner. L'obligation, non pas le devoir. Les Français sont trop irresponsables pour voir qu'eux ont un rôle à jouer pour aider les plus démunis, qu'eux peuvent agir individuellement, ou socialement grâce à des associations. La culture de la Fondation... voilà ce qui nous manque. Alors non, ils ne sont pas insensibles, les Français. Ils sont seulement irresponsables et hypocrites, déplacent vers la société (c'est-à-dire vers eux-mêmes collectivement) les problèmes liés à la faiblesse de l'homme, qu'ils sont incapables de se pardonner, et de pardonner à l'Etat, duquel ils exigent tout. Voir un chômeur dans la rue, c'est faire le constat de sa propre précarité face aux vicissitudes de la condition humaine. Donner à un pauvre, c'est accepter cette condition.


L'Etat est en ce sens bien pratique. Il permet de se défaire de ses propres devoirs et de conférer à un "autre" une douleur qui nous tenaille tous: celle de notre misère d'homme, quelle que soit notre condition sociale. Chacun peut être bienveillant à l'égard des rebus de la société, chacun peut avoir une pitié condescendante à leur égard, mais chacun peut s'éviter le pénible effort de donner par la charité libre. Voter socialiste "pour donner aux pauvres", c'est faire preuve de beaucoup de bienveillance et de pitié, mais n'appelons pas cela de la charité. Un Etat n'est pas charitable, car la charité est une vertu humaine, et ne s'inscrit pas dans une déclaration d'impôt.
Un Etat est systémique. Il prélève une certaine somme à une certaine couche de la population, la redistribue automatiquement à une autre. Et l'idéal, c'est de remettre au riche - par l'autorité et l'obligation - le devoir obligatoire de donner par l'impôt (l'ISF) à une certaine pauvreté. A eux de prétexter hypocritement: "franchement, les riches, ils ne peuvent pas se plaindre."

Evidemment, il s'est trouvé des génies politiques, des technocrates de talent, pour organiser des "exonérations fiscales", méritées par ceux qui donnent aux pauvres, par ceux qui - finalement - trouvent un "intérêt relatif" à déclarer fiscalement leur charité, pour la concilier avec leur fiscalité. C'est certes une mesure qui "encourage" la charité. Mais en encourageant fiscalement la charité, ne lui en retire-t-on pas la part de désintéressement et d'abnégation qui en fait la grandeur ?

Cessons, Français, d'être d'infâmes hypocrites. N'oublions pas que Robin des Bois était un homme, pas un Etat.

15 Comments:

  • At 16:48, Anonymous Anonyme said…

    Mais si les gens ne font rien, il faut bien que l'Etat s'en occupe...
    Qui va recueillir un SDF chez lui ?
    Qui va inviter un SDF au resto avec lui ?

     
  • At 18:53, Blogger Geo said…

    C'est sur qu'accueillir un SDF chez soit, lorsqu'on a une famille etc c'est assez décourageant. Mais ce rôle peut (et doit) parfaitement être tenu par des associations, des gens de la société civile, c'est à dire : NOUS TOUS.

    D'ailleurs on remarque que l'état s'occupe très mal de ce rôle : qui a récemment aidé les SDF à se loger ? Les enfants de Don Quichotte et non pas l'état. Qui nourrit les SDF depuis 20 ans ? Les restos du coeur et non pas l'état.

     
  • At 21:15, Anonymous Anonyme said…

    Oui mais l'action de l'Etat a une certaine perennité, pas comme une association qui peut fermer du jour au lendemain...
    De plus, l'Etat dispose des moyens nécessaires pour intervenir partout au contraire d'une association dont l'action sera plus ponctuelle.
    Il faudrait alors dans ce cas tenter de concilier les deux, non ?

     
  • At 18:24, Anonymous Anonyme said…

    Excellent ! J'ajoute plusieurs éléments :
    1-Demandez à 100 français dans la rue si ils sont pour l'abolition de la solidarité étatique : 99 vous répondront "Surtout pas ! Sinon il n'y aura plus de solidarité !". Mais alors si 99% des français sont convaincus du bien fondé de la solidarité pourquoi aurait-on besoin d'un Etat pour la contraindre?
    2-Quels sont les plus grands sursauts de solidarité auxquels on a assisté en France depuis 50 ans? L'Abbé Pierre avec Emmaüs et Coluche avec les Restos du Coeur. Bref la société civile. Et l'Etat dans tout ça? On se rappellera de la phrase de Coluche au Ministre qui proposait une subvention pour ses Restos : "Merci de me rendre mes impôts..."

    La vérité est que la redistribution étatique des richesses par la contrainte est non seulement inefficace, mais elle est profondément coûteuse et donc antisociale : les politiques ont fait fuir les riches, précarisé les classes moyennes, paupérisé les pauvres et pillé le patrimoine des générations futures au nom de la "justice sociale". Les Français meurtris, exangues socialement, se tournent alors vers l'Etat, réclamant, croyant que leur bourreau va les sauver. Spirale infernale de la surenchère étatique.

     
  • At 22:07, Anonymous Anonyme said…

    Tim. Je sais que c'est dur. Mais une association ne ferme que si les gens manquent de charité. Privilégier le rôle de l'Etat, c'est ne plus faire confiance à la société pour surmonter avec dignité ses problèmes.

    L'Etat n'est pas là pour ça. A la rigueur, il peut aider à coordonner les actions sur le terrain... et encore

     
  • At 20:13, Anonymous Anonyme said…

    Une action comme celle des Enfants de Don Quichotte n'est qu'un point de détail, une action ponctuelle qui est surmédiatisée... Il y a même quelques bobos qui viennent s'encanailler alors le thème est plutôt racolleur.
    C'est d'ailleurs peut-être pour ça que ça fonctionne... Sans les médias, il ne se passerait rien !
    Alors heureusement que les médias sont là.

    Je ne suis pas sûr que sans une surmédiatisation, cette action serait aussi efficace.

    De plus, avec un tel niveau d'imposition, les Français ne seront pas forcément incités à donner. Il faut également avoir du temps à consacrer.

    Si l'Etat ne jouait pas son rôle de redistribution, la pauvreté serait encore plus grande et, à mon sens, le RMI et la CMU permettent quand même de limiter l'exclusion.

     
  • At 20:58, Blogger Geo said…

    "Sans les médias, il ne se passerait rien !"
    Logique si on est pas au courant ;-). Mais c'est aussi un des rôle des médias, à mon goût, d'alerter les gens sur ce qui ne va pas ! Je dis pas que ce rôle il faut l'inscrire dans la constitution (c'est à la mode de tout écrire dans la constitution ces derniers temps) mais j'achèterais un journal, je regarderais un film, ... en partie en fonction de cela.

    "De plus, avec un tel niveau d'imposition, les Français ne seront pas forcément incités à donner"
    AL compte diminuer le taux d'imposition à 18% pour tous :) Mais c'est sur que quand on se fait presque tout raquetter par l'état, on ne peut plus donner pour les bonnes causes ...

    "à mon sens, le RMI et la CMU permettent quand même de limiter l'exclusion."
    C'est ce que certaines personnes pensent dans AL et ça se retrouve dans la proposition "revenu de liberté".

     
  • At 21:06, Anonymous Anonyme said…

    Vous reconnaissez donc que l'action de l'Etat est nécessaire ?

     
  • At 21:29, Anonymous Anonyme said…

    Biensûr. Pour ma part...

     
  • At 21:31, Blogger Geo said…

    Le programme d'AL n'est ni un programme libertarien, ni un programme anarcho-capitaliste.

    Mais on peut peut-être trouver des minarchistes/anarcap dans AL ? J'aurais tendance à dire qu'il y a plus d'anarcap' du coté de l'association "liberté chérie" ou les militants anarcap' refusent de militer pour AL car la-politique-cay-mal. C'est tout de même un moindre mal ...

     
  • At 17:53, Anonymous Anonyme said…

    Il me semble qu'il y a contradiction dans ce cas. D'une part, vous dénigrez l'action de l'Etat et d'autre part vous dites qu'il doit assurer certains services, tels que la distribution de richesses.

    Je pense que l'hypocrisie que dénonce le titre pourrait être celle de vos propos.
    D'une part, vous critiquez l'Etat
    ("Privilégier le rôle de l'Etat, c'est ne plus faire confiance à la société pour surmonter avec dignité ses problèmes") et d'autre part vous reconnaissez que son action est nécessaire
    ("C'est ce que certaines personnes pensent dans AL et ça se retrouve dans la proposition "revenu de liberté"")

    Je me permet de conclure avec vos propos que, je l'espère, vous ne manquerez pas d'éclairer :
    "La vérité est que la redistribution étatique des richesses par la contrainte est non seulement inefficace, mais elle est profondément coûteuse et donc antisociale"

     
  • At 18:46, Anonymous Anonyme said…

    L'idée fondamentale, je crois, est de ne pas empêcher les lois du marché qui structurent économiquement la société d'en permettre l'efficacité. Or, le revenu minimum ne me semble pas être un frein majeur au marché.

    Aujourd'hui, en France, ce n'est pas le salaire minimum (ou même en réalité l'ISF) qui sont un frein à plus de croissance. Ce sont les freins à la pénétrabilité économique du pays, à cause de l'impôt sur les sociétés, à cause de la bureaucratie, à cause des mesures "anti-capital" (impôts sur le capital), le manque de souplesse dans le marché du travail et dans le cadre horaire imposé à certains chefs d'entreprises.

    Nous sommes en république, il y a, il y aura toujours un Etat, et c'est tant mieux, pour permettre à chacun de vivre. Mais, il faut avoir confiance et laisser aussi la société se prendre en main, et refuser de jouer les paternalistes avec des êtres humains adultes et responsables. Ce serait les priver de leur dignité.

     
  • At 18:07, Anonymous Anonyme said…

    Heureux de voir que vous reconnaissez vos torts et que vous êtes moins "extremiste" que dans votre article.

    Je me permet cependant de douter du bien fondé de vos théories puisque dès que l'on creuse un peu, on s'aperçoit que vous êtes en contradiction avec vous même.

    Récapitulons ensemble si vous le permettez,

    -Aider les SDF ?
    oui mais surtout pas chez moi...

    -Comment les aider ?
    c'est le rôle des associations.
    Il n'y a que les associations qui peuvent aider efficacement et pas l'Etat.

    -Quid du RMI et de la CMU ?
    en fait l'Etat est quand même efficace...

    CQFD ?

    Au fond, je suis sûr que ça vous donne bonne conscience de penser cela. Dire on diminue les impôts et adieu les aides des pauvres, la situation va se régler d'elle même.

    Qui vous dit qu'ils auront de quoi vivre après ? Remarquez c'est pas grave, du moment qu'on paye moins d'impôts... Les pauvres on s'en fout, d'ailleurs qui en veut chez soi ? PERSONNE
    C'est vrai que ça dénote d'avoir un pauvre chez soi quand on a une belle maison en centre famille et une merveilleuse famille.

    Heureusement, les associations sont là... Mais s'il n'y a pas d'association ?
    Bah, il reste les baisses d'impôts, c'est toujours ça de pris...

    Mais au fait, qui veut s'engager dans une association ? A la limite quelqu'un qui veut se donner bonne conscience.
    "Bon ce mois-ci j'ai donné 10€; comme je suis gentil d'aider les pauvres! Comme je suis merveilleux"


    C'est ça la dignité ? Pour moi, c'est essayer de se donner bonne conscience. Et pour vous ?

     
  • At 20:06, Anonymous Anonyme said…

    Je n'ai pas de leçon à donner en terme de charité. Je ne remets pas en cause "l'extrémisme" de mon article. Je remets juste à sa place l'Etat qui, en France, est un Etat-Nounou. Il n'y a aucune contradiction, je me suis expliqué pour qu'un être normalement constitué comprenne.

    Vous croyez sincèrement qu'en Irlande, où l'Etat est foncièrement "libéral", les gens sont pauvres ? N'oubliez pas que l'Irlande est le 4e pays en terme d'IDH au niveau mondial, ne connaissent pas notre dette publique, alors qu'en 1985, avant son tournant libéral, l'Irlande était deuxième pays plus pauvre d'Europe. En France... bref, ça m'énerve.

    Lincoln l'a bien dit: "Vous ne pouvez pas donner la Force au Faible en affaiblissant le Fort."
    Je dis mieux à l'Etat: en donnant de la Force au Faible par l'affaiblissement du Fort, vous affaiblissez le Faible.

    Or voilà la doctrine social-étatiste depuis 81: garder des Forts dans leur force et leur caviar (on parle de "gauche caviar", non ?); et affaiblir les Faibles. Voilà la vision de dignité d'un socialiste. Les libéraux n'ont de leçons de charité à recevoir que que curés, pas de socialistes, dont j'exècre la cruauté involontaire.

    Se donner bonne conscience. Voilà l'argument facile. Ne croyez-vous pas que c'est vous donner bonne conscience que de remettre à l'Etat ce que vous pourriez faire par vous-mêmes ?

    Par ailleurs, se donner bonne conscience, est-ce un mal ? Cette affirmation puerait le préjugé sur un sentiment que nous connaissons tous de vouloir se satisfaire d'un sacrifice. Si l'on a mauvaise conscience d'être riche, que l'on veut se donner "bonne conscience", c'est que l'on a en tête la volonté que l'autre puisse vivre décemment, c'est que l'on désire l'égalité.
    Sachez que personne, contrairement aux accusations honteuses (et bornées, préjugées sans complexe) que vous portez aux classes moyennes et riches, personne ne soulage assez sa mauvaise conscience, personne n'est jamais assez satisfait de ce qu'il donne à l'autre. En tout cas, je ne suis jamais satisfait, quelque soit l'action que je fais.
    Car je donne toujours le plus que je peux, jamais le plus que je veux.

    L'être humain, charitable, qui cherche à se donner bonne conscience, ne l'obtient jamais vraiment. On n'a jamais l'impression de donner assez.

    C'est sombrer dans la paresse intellectuelle et morale que de croire qu'il existe autant d'êtres assez méchants pour avoir une suffisante conscience d'eux-mêmes, quand bien même nous avons tous un regard ou une pièce pour un sans-papier que l'Etat a jeté là-dehors, en dehors de ce système qui les a exclut sans pouvoir les reprendre.

    Je n'accepte pas ce raccourci rapide et prétentieux qui consiste à classer les libéraux - des gens dont une infime partie du programme se borne à revoir la fiscalité - dans la catégories des avares parcimonieux, des individualistes sourcilleux du petit sou et du petit intérêt.

    La valeur de l'individualisme, ce n'est pas l'égoïsme, ni l'orgueil, ni l'avarice. L'individualisme, c'est la recherche de la grandeur de soi.

    Rangez vos poupées fantoches, vos "trucs" étatistes. Vous ne me faites pas rire avec vos accusations.

    "L'Etat redistribue", direz-vous à un gamin.
    "L'Etat, c'est quoi ?", vous répondra-t-il. Vous lui expliquerez un SYSTEME rationnalisé (et inefficace).

    Parlez-lui d'un groupe de jeunes qui organisent des soirées de charité (j'en connais personnellement), des restos du coeur ou d'une femme qui donne une pièce à un chômeur. Il trouvera cet acte beau, ingénieux, et JUSTE.

     
  • At 20:55, Anonymous Anonyme said…

    Bonjour,

    Je viens de découvrir ce site. Je ne suis pas aussi libéral que vous, puisque je fais partie de la Gauche Moderne.

    J'aimerais ajouter pour Tim, que - ayant vécu aux Etats-Unis et en Irlande - ce que décrit Kévin est très vrai. Il n'y a qu'en France que l'on rencontre ce genre de pensée que à l'Etat- Faitout (je ne sais pas comment dire autrement). Les gens là-bas sont plus libres qu'ici, ils pensent les choses par "eux-mêmes", sans se dire "qu'est-ce que fout le gouvernment ?".

    Au passage, on a l'air ridicule avec notre économie dirigiste aux Etats-Unis et, en Europe de plus en plus. Les Américains se moquaient bien de nous et de notre "morale" quand les banlieues cramaient. Il leur parait évident que notre système est de plus en plus "socialiste" (avec la connotation "RDA-Staline" derrière)

    Pour ma part, je considère qu'il faut que socialistes et libéraux travaillent ensemble. Tout le monde n'a pas autant confiance en vous dans les mécanismes qui régulent le marché. Si je n'étais pas d'accord avec vous, j'estimerais au moins votre courage pour votre opinion dans un paysoù l'on ne pense plus.

    Bon courage, et j'espère que les libéraux gagneront. Les socialistes et Sarkozy sont réellement trop... étatistes. J'en ai marre que la France ait l'air bête. J'ai presque honte. Faudrait vraiment que vous sortiez de ce pays pour savoir ce qu'on pense de nous, les attardés mentaux altermondialisto-communo-antilibéraux.

     

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