Alternative Libérale Etudiants Lorraine

Voici quelques réflexions des adhérants d'ALE à Nancy. Vous y trouverez aussi notre agenda pour nos cafés et diverses réunions publiques. L'intégralité des propos tenus sur ce blog engage uniquement leurs auteurs et en aucun cas Alternative Libérale : c'est la liberté d'expression que nous prônons.

22 févr. 2007

L'Etat-UMP au secours de l'Etat-RPR

Tous ceux qui croient que le Ministre d'Etat est libéral se trompent.

Monsieur Sarkozy tient d'une main de fer l'Etat-UMP, a musellé la plupart des oppositions libérales dans la presse. Le Figaro, qu'on pourrait croire favorable aux idées libérales, soutient à l'évidence le candidat gaulliste conservateur. Il tient la masse média comme Berlusconi a pu le faire en Italie. Un article du quotidien Hélvète Le Matin souligne l'actuelle mainmise du Ministre d'Etat sur la presse française. Il laisse parler Royal dans la masse media, et pour cause, il sait qu'elle ne brille pas trop à l'oral.

Economiquement, le libéralisme est un de ses prétextes pour se placer du côté des conservateurs. Il se dit libéral, rassure les patrons qui se cantonnent à une vision fiscale du libéralisme. Mais, contrairement à ce que dit M. Sarkozy, il ne suffit pas de valoriser le mérite pour se prétendre libéral. Il faut regarder les hommes plus comme des poètes et des créateurs que comme des soldats, il faut voir le citoyen comme libre et responsable. Le libéral se méfie de l'autorité, ennemie jurée de la liberté.
Le libéral n'est pas un capitaliste: il voit l'argent comme un moyen de sa libre-entreprise, et sa libre-entreprise comme une fin pour sa recherche du bonheur.

En parlant de l'Europe, il a dénoncé le capitalisme newyorkais, prétextant qu'il ne fallait pas se soumettre aux "spéculateurs de Wall Street". En d'autres termes, il est favorable à un capitalisme d'Etat, convaincu qu'un simple dépoussierage (qu'il appelle "rupture") suffira à remettre en état (sans mauvais jeu de mot) notre économie.

Il en profite également pour nous mettre face à sa volonté de faire de l'Europe une forteresse puissante, protectionniste. Il s'est insurgé contre le refus de l'agriculture productiviste. En clair, il veut la PAC de De Gaulle, soutenant le lobby agricole, peu sensible aux dégâts causés sur les économies africaines et sudaméricaines. Il avait déjà développé ce thème de l'agriculture: "préférence communautaire" (donc tarifs douaniers), aide à l'installation des jeunes agriculteurs (donc développement de l'agriculture). Pour lui, "supprimer la PAC serait une catastrophe pour l'indépendance de l'Europe" (à protéger contre le marché qui développe les pays pauvres... cocorico).


Et il l accuse la BCE (encore une fois) de favoriser la stabilité monétaire (la BCE lutte contre l'inflation) plutôt que de favoriser l'emploi et la croissance... Protectionnisme, inflation... raisonnement étatiste et keynésien ?
Est-ce à dire qu'il souhaite le retour de l'Etat - et pire ! de l'Etat Européen - à une politique étatique conditionnée par le protectionnisme et le socialisme capitaliste? Il n'a pas dit moins en refusant que l'Europe soit un "cheval de Troie de la mondialisation [libérale]". Il y a de quoi prendre peur, si M. Chirac considère M. Sarkozy comme "plus libéral que lui".
Sarkozy crache sur l'Europe libérale, l'accusant d'être responsable de l'échec au référendum, alors que le responsable est clairement le Président de la République.

Politiquement, il a mis à mort ses opposants potentiels. L'UMP, orchestrée pour la majorité présidentielle (à l'image de l'UDR gaullienne) a digéré Démocratie Libérale, où travaillaient les libéraux Madelin et Raffarin (qui n'a eu d'autre choix que d'accepter, en période de crise). Il a dégluti les radicaux, trop lâches de leurs petits intérêts pour réagir. Bayrou, antilibéral avoué, chante une France d'un compromis entre l'étatisme militant du socialisme, et l'étatisme conservateur du gaullisme. A long terme l'UMP provoque la destruction des oppositions à droite et au centre. L'objectif, pour cet étrangleur des libertés qu'est M. Sarkozy: sa victoire aux présidentielles. Comme on a pu l'entendre hier à Strasbourg, lors de son meeting pour l'Europe, il faut soutenir Sarkozy si l'on est "socialement de gauche, sécuritairement de droite". Le Ministre d'Etat a centralisé, a réprimé, a oppressé depuis qu'il est au pouvoir. Par cette voie, il organise un nouvel Etat-UDR, ou Etat-RPR, l'Etat UMP, organisé autour de son mètre cinquante-huit.

Nous, libéraux, devons lutter avec l'arme des mots et l'arme électorale contre cette horreur étatique ! Il faut faire contre-poids au socialbonapartisme gaulliste ! Certes, on peut aimer de Gaulle, car l'Etat constructeur et le dirigisme a sans doute fait un travail essentiel après la guerre, pour reconstruire, et faire l'efficacité du Plan Marshall. Les lignes de chemins de fer, les grands réseaux, l'armée ont été remises debout par l'Etat. Mais il est aujourd'hui endetté et inefficace ! Ce n'est pas un problème conjoncturel, lié à nos institutions et à nos services publics. Le problème est dans la structure de l'économie, et dans le rôle de l'Etat. Mais Nicolas Sarkozy s'accroche aux vieux principes qui alimentent la foi dans l'Etat.
Pour lutter contre le fléau impérialiste de Sarkozy, les libéraux doivent retrouver leur place au sein d'une parti politique libéral, puissant et aux idées claires, et lutter contre la propagande antilibérale des socialistes, injustifiée car s'appuyant sur des erreurs graves de jugement. Au final, il faut arriver à un parti digne du Parti Démocrate Libéral allemand (FDP: Freiheit Demokratische Partei), capable d'alliance avec tantôt la gauche ou tantôt la droite, capables de se placer dans l'opposition - comme à l'heure actuelle - contre un gouvernement. En clair, les libéraux doivent retrouver leur force, leur dignité et leur liberté de discours au sein d'un vrai parti libéral, indépendant et fort de ses idées. Depuis l'appareil UMP, le peuple libéral français était un peuple sans patrie politique. Les libéraux peuvent désormais en trouver une: Alternative Libérale.

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7 Comments:

  • At 14:26, Anonymous Anonyme said…

    Excellent ! Bravo Kevin. Avec des arguments comme ceux-là, on peut mener campagne sans soucis contre l'UMP !

     
  • At 17:47, Blogger Geo said…

    "Qui êtes-vous pour être sûrs à ce point que toute intervention étatique est forcément anti-libérale?"
    Quelqu'un qui, de part ses lectures (Montesqiueu, Smith, Say, Bastiat, Hayek, Rothbard, Friedman) a suivi l'évolution de courant de pensées. Je me suis reconnu dans les pensées de ses auteurs, alors je me suis considéré comme "libéral". Après "libéral" n'est qu'un mot, un joli mot comme il reprend le fond de mon pensée : la LIBERté.
    Tu peux donc changer ce mot par n'importe lequel, mais mes idées sont celles de ce blog et non pas celles défendues par Sarkozy.

    "Entre Royal et Sarkozy, qui est le plus libéral? Pour qui allez-vous voter au second tour?"
    Encore 2 mois pour se décider, mais honnêtement : pour un tel deuxième tour, je m'abstenirais.

     
  • At 18:04, Anonymous Anonyme said…

    Bien vu Kévin ! Je rajoute : http://liberalismeexplique.hautetfort.com/archive/2006/11/02/liberal-ou-pas-sarkozy.html

     
  • At 20:39, Anonymous Anonyme said…

    D'abord, il mesure un mètre cinquante huit. Ce n'est pas une insulte. C'est un fait. Et citer de Gaulle ne le valorise pas.
    D'autre part, tout converge pour dire que Sarkozy tient les médias. J'ai donné mes sources.

    Parlez des gauchistes qui sont plus à gauche que la gauche. Moi, je vous parle d'Alternative Libérale, qui est plus à gauche que la droite. Le libéralisme, c'est le centre. Sarkozy est à droite.

    Par ailleurs, le premier politicien authentiquement libéral, c'est Madelin, qui a fondé Démocratie Libérale. Ce dernier a très bien fait savoir que Sarkozy n'était plus libéral... depuis longtemps. Si vous aviez lu les discours de Sarkozy, vous auriez bondi au plafond.

    Si le pays admet "la partie libérale de Sarkozy", c'est que cette partie n'est pas libérale. On admire Sarkozy pour son "aura" ou son discours de rupture. Les Français qui voteront pour lui passeront sans doute à côté de la micropartie "libérale" de Monsieur Sarkozy.

    D'autre part n'ai pas besoin d'un stratège ou d'un professeur de philosophie pour me dicter ma conduite, intelligente ou non. Il s'agit de principes. Nous ne serons pas des libéraux sans honneur, qui se plient aux fausses compromissions "libérales" d'un Sarkozy ou d'un Emmanuel Todd. L'UMP n'est pas un mouvement neoconservateur, à l'image de celui qui aurait soutenu Reagan. Il n'a pas la même identité que celle des Tory de Thatcher. L'UMP, c'est le RPR en plus gros; Sarkozy, c'est Chirac, en plus petit.

    Je ne suis pas "plus libéral que lui", je ne suis pas un gardien du temple. Je suis un libéral à peu près exact. Sarkozy est un libéral à peu près faux.

    Oui, l'Etat et l'autorité c'est important, pour la sécurité intérieur, extérieure, la monnaie, la justice. Oui, moi aussi, j'ai lu les auteurs libéraux, merci papa. Mais Sarkozy place clairement l'Etat au COEUR de son programme. Pas une ligne ne s'apparente au programme de Reagan.

    Sans doute êtes-vous totalement ébloui par ses discours patriotes. Sans doute croit-on, à l'entendre, qu'il est l'homme providentiel, le Messie, qui changera les choses. Vous verrez, Monsieur, que sa rupture tranquille se muera vite en tranquilité brutale. Car son discours a un objectif: le pouvoir, qui est sa seule conviction réelle.

     
  • At 22:35, Anonymous Anonyme said…

    Je suis un libéral exact, car je refuse de recourir à l'Etat. C'est la moindre des choses pour un libéral, à laquelle Sarkozy ne se plie pas.

    Si Sarkozy n'est pas libéral, qu'il l'assume au lieu de s'en convaincre. Je n'ai rien contre lui, mais jamais il ne pourrait se qualifier de libéral. Il est gaulliste, c'est tout. Car jamais un libéral n'attirerait des voix au FN.

    D'autre part, Sarkozy n'est pas antilibéral, il n'est pas libéral.

    "Ergo, si d'autres Français se prononcent en faveur d'un homme politique étranger à votre parti, c'est forcément qu'il n'a rien de libéral." --> Madelin se serait représenté à l'UMP sans être à Alternative Libérale, je l'aurais qualifié de libéral. Pas par sectarisme, ou pas parce que je me sentirais "gardien du temple" mais parce qu'il est tout simplement libéral. Et que Sarkozy, lui, ne l'est pas.

    Vous cherchez midi à quatorze heures. Il est évident que Sarkozy n'est pas libéral. Cela se lit très clairement dans ses discours, dans son programme et dans les mots qu'il adore employer.

    Je vous donne une phrase de lui pour vous le prouver: "La France pour être forte a besoin d’un Etat fort". C'est toute sa démarche, étatiste.

     
  • At 08:46, Blogger Geo said…

    http://www.dailymotion.com/visited/search/latelelibre/video/xdend_sarkozy-et-le-liberalisme
    Tout à la fin, Sarkozy dit qu'il "descend d'une famille de pensée gaulliste" alors qu'on lui demande s'il est libéral.

    Voilà qui est dit de sa part, et rien à voir avec un sectarisme, de garder un temple, ... c'est simplement un fait !

     
  • At 22:30, Anonymous Anonyme said…

    J'ajouterais simplement pour Monsieur Marchenoir que je comprends parfaitement sa position. Je sais qu'il existe au sein de l'UMP une branche réformatrice et libérale. Je sais que Sarkozy se pose en rassembleur.
    Mais son discours est non libéral.

    Reste qu'il ne faut pas reprocher à la base libérale de ne pas adhérer à ses discours, et de se rassembler en un parti où les libéraux ne grimacent pas en entendant leur chef. C'est normal, et cela n'a rien d'antidémocratique.

     

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