Alternative Libérale Etudiants Lorraine

Voici quelques réflexions des adhérants d'ALE à Nancy. Vous y trouverez aussi notre agenda pour nos cafés et diverses réunions publiques. L'intégralité des propos tenus sur ce blog engage uniquement leurs auteurs et en aucun cas Alternative Libérale : c'est la liberté d'expression que nous prônons.

6 janv. 2007

"Contre-révolution libérale"

Pinochet est mort le 10 décembre 2006, laissant derrière lui un pays divisé. On voit sur des pancartes « Joyeux Noël sans Pinochet », alors que certains regards se sont assombris. En France, c’est la LCR qui récupère à son profit. « Le Chili de Pinochet aura été aussi l’un des laboratoires de la contre-révolution libérale, avec la destruction du secteur public, la généralisation des privatisations, la déréglementation des relations sociales et la surexploitation des travailleurs », explique François Sabado.


Pinochet, sans aucun doute, aura été un dictateur, un tortionnaire. Oui, il est à classer dans le camp du mal : 75 opposants morts en 1973, dans l’affaire de la « Caravane de la mort » pour laquelle il était au tribunal ; nombre d’affaires de corruption ; nombres d’autres morts peut-être cachés dans les archives de la République du Chili (actes de tortures, meurtres, autres crimes). Il avait alors le soutien d’une partie de sa population. Le Chili est aujourd’hui divisée quant à son passé. Ce sont les affaires de détournements de fonds qui valurent au général l’abandon de beaucoup de partisans, un facteur qui a fait l'ENAnotamment au sein des entreprises.

Nombres de patrons le soutinrent, car il a exécuté une politique libérale dans l’économie. Dans la politique, il a été un antilibéral pur et dur, un militaire oppresseur qui a sans vergogne employé la torture, écrasé ses opposants. C’est une aberration de parler de Pinochet comme d’un libéral. Pinochet, c’était Mussolini dans la culotte de Thatcher ; ce n’était pas Thatcher. L’âme du libéral est généreuse par nature, libératrice dans l’action, rigoureuse et honnête dans le jugement. Pinochet, autoritaire, injuste et malhonnête, n’était pas du tout libéral. Pendant que le général commettait ses actes, les Goulags de l’Union Soviétique marchaient à plein régime, la machine économique s’étouffait. L’URSS mourrait seule dans son lit, crevait dans son jus, victime de son antilibéralisme. Et l’antilibéralisme tuait, tuait, tuait… Il jouissait pourtant d’un grand prestige pour les bourgeois bohêmes occidentaux, amateurs du Ché. La tourbe intellectuelle a ses martyrs.

En 1789, la révolution était en marche. Nous avons oublié notre passé. La situation qui résulterait de la révolte serait l’aube d’un régime démocratique, avec ses contre-pouvoirs, ses institutions souples et transparentes. Nous nous en sommes rapprochés vraiment vers 1875, avec l’avènement de la Troisième République. La France est devenue, sous l’impulsion des libéraux, une démocratie. Annoncer aujourd’hui le libéralisme comme une contre-révolution, c’est nier le passé. Les libéraux se sont depuis des siècles appliqués à la libération de tous les domaines de la vie humaine.


Cette liberté s’observe aussi dans le domaine économique. Sans nier certains aspects nécessaires de la redistribution, nous savons que les économies libéralisées jouissent de grandes richesses, leurs institutions scolaires et sanitaires (publiques comme privées) sont mondialement réputées et des immigrants affluent pour trouver du travail (voyez l’Irlande). Si la loi est là pour assurer une justice sociale, c’est-à-dire une aide aux associations pour les pauvres, c’est-à-dire des institutions syndicales libres garantes d’un minimum salarial, les libertés permettent de réduire des inégalités sans punir les plus riches, les voler, ou les culpabiliser.


Mais les hommes de gauche haïssent le pouvoir de l’argent, qui semblerait s’insinuer de plus en plus dans nos rapports humains. « Nos vies valent plus que leur profit » sonne comme « un riche entrera difficilement dans le Royaume des Cieux » (Matthieu 19,20). Loin de nier bonne volonté d’une partie de la gauche, voire une réelle réflexion de leur part, certains hommes de gauche s’érigent en curés de la République, en moralisateurs bien-pensants, et surtout en autocrates en puissance. Ils sont prêts à sacrifier chaque gramme de nos libertés au nom d’une prétendue bonté. Ils paraissent avec de grands sourires, une déférence snobinarde à l’égard des autres courants de pensée, et une incapacité viscérale à la modération et à la compromission. Les antilibéraux sont la contre-révolution en puissance. La rhétorique antilibérale s’inspire en fait d’une forme de manichéisme tranchant, entre le Bien antilibéral et le Mal libéral. Le site de la LCR, les pages (peu rentables, peu lues et largement subventionnées) de l’Humanité regorgent de cette rhétorique.


La récupération de la mort de Pinochet est de la pure parlotte antipublicitaire, peu digne d’un homme de gauche, encore moins d’un homme honnête.

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